L’épingle à cravate, une mode qui ne pince plus

Parmi les objets indispensables au gentleman, les boutons de manchette apportent immanquablement une touche d’originalité et de style à votre tenue. De nombreuses années auparavant, un autre élément était également à considérer pour une tenue sophistiquée, l’épingle à cravate. Désormais passée de mode, l’épingle à cravate était surtout présente au milieu du XVIIIe siècle en Angleterre. Elle était portée par les aristocrates anglais pour fixer les plis de leur cravate, et ajouter une décoration sertie d’une perle ou d’une pierre précieuse pour afficher leur statut social. L’épingle à cravate sera ensuite adoptée, au début du XIXe siècle, par les classes supérieures britanniques, avant de s’exporter dans d’autres pays comme la France et les États-Unis.

Une histoire… avec une fin

Difficile de vraiment comprendre l’origine de l’épingle à cravate, sans connaitre l’évolution de la cravate. L’étymologie du mot cravate semble venir de « croate », même si cette origine est souvent contestée. Il est cependant avéré que ce sont les mercenaires hongrois au service de Louis XIII qui généralisèrent son usage en France. Vers 1635, durant la guerre de Trente Ans, ils se distinguèrent par un foulard noué autour du cou, accessoire jusque là inconnu. Très vite, ce mode vestimentaire fut adopté par les Français et les Allemands. L’essor de l’épingle à cravate date du début du XIXe siècle avec l’apparition du nœud ascot. Avec ce nœud, les longs pans de la cravate sont croisés et fixés au moyen d’une épingle.

A ses débuts, l’épingle est relativement sobre, mais le dandysme en fait un ornement d’une grande sophistication. Toutes sortes de modèles se déclinent et, au fil du siècle, les décors se diversifient selon un large choix de formes et de matériaux. Les têtes d’épingle les plus courantes sont en forme de croissant, de fer à cheval, de marguerites sertis de perles ou de pierres fines et précieuses. A coté de la tête ornée d’une gemme ronde classique existe un grand nombre de modèles fantaisie : grotesques, personnages, motifs animaliers, etc… Accessoire de mode incontournable, les épingles à cravate sont adaptées aux tenues qui elles-mêmes changent selon l’heure de la journée et les activités. L’épingle affiche l’appartenance à un groupe professionnel, politique, religieux, initiatique, sportif ou associatif. Vers 1900, les épingles à cravate connaissent leur heure de gloire. Les hommes les apprécient tellement qu’ils possèdent un grand nombre constituant de véritables collections.

La collection publique la plus remarquable conservée en France est celle du Comte Nissim de Camondo. Elle s’est constituée entre 1870 et 1889, date de la mort du comte et a été léguée par son fils au musée des Arts Décoratifs en 1933. Elle comprend des pièces exceptionnelles qui nous permettent d’apprécier l’originalité de tels objets. Les épingles à cravate sont rarement portées aujourd’hui, et tendent à être achetés par les collectionneurs uniquement comme objet de vitrine. Il est d’ailleurs déconseillé de les porter, car ces petits objets sont particulièrement fragiles. Les métaux s’usent, les émaux se craquellent et les pierres tombent. Une restauration peut coûter très cher. De plus un bijou ancien, retouché peut perdre de sa valeur si les dégâts sont difficiles à masquer.

Résumé sur l'épingle à cravate

L’épingle à cravate est un accessoire plutôt masculin, même si des femmes l’ont déjà portée par le passé. Elle permet de maintenir la cravate à la chemise, et se place au niveau du nœud de la cravate. C’est un accessoire qui s’assortit parfaitement avec des boutons de manchette, pour lesquels on essayera d’associer les couleurs de la cravate et le style de l’épingle. L’épingle à cravate est très fine, presque imperceptible, en dehors de sa tête composée d’un bijou ou d’un élément de décoration élégant. De nos jours, l’épingle à cravate n’est plus portée et est surtout recherchée par des collectionneurs. On lui préfèrera la pince à cravate, plus étroite et pratique, qui se fixe à mi-hauteur de la cravate afin de maintenir la cravate à la chemise.

Si les épingles à cravate ont disparu au profit des pinces à cravate plus pratiques, on peut toujours les retrouver dans de très grandes occasions comme les mariages, sur une lavallière ou une cravate. Il est possible de la porter également lors de bal ou de cérémonies, même si, encore une fois, la tendance actuelle sera plutôt de porter une pince à cravate. Cela dit, une épingle à cravate vous offrira une certaine originalité, surtout si vous l’associez avec des boutons de manchette. Alors pourquoi pas après tout ?